Le Serpent est d'abord montré comme étant à l'origine des temps dans presque toutes les civilisations sous les noms d'Atoum en Egypte, de Shesha , Makha, Vrita, Namuci en Inde, d'Ungud, de Yurlungur, de Birndina ou d'Angamundi chez les Aborigènes australiens, de Mbumba chez les Bantous, du Serpent-d'Arc-en-Ciel au Bénin, de Kan ou Gan chez les Quichés du Guatemala, etc. ...
Livre de la Genèse, III, 2-7 et 14-16 (1) :
Le serpent propose à l'homme de se mesurer à Dieu dans son désir d'accéder à la connaissance. Cette intervention dans le jardin d'Eden fera de lui un être rampant, une créature diabolique (diabolos en grec : qui désunit ), car elle provoquera le renvoi d'Adam et Eve du paradis, séparation entre la Créature et son Créateur.
Le serpent était le plus rusé de tous des animaux des champs que Jéhovah Dieu avait faits. Il dit à la femme: « Est-ce que Dieu aurait dit : « Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin? » La femme répondit au serpent: « Nous mangeons des fruits des arbres du jardin. Mais, du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, que vous ne mourriez. »
Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez point, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ». La femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l'intelligence ; elle en prit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il en mangea. Leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus ; et ayant assemblé des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures.
Jéhovah Dieu dit au serpent: « Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête, et tu la meurtriras au talon.
Exode, IV, 1-5
Dieu charge Moïse de sortir le peuple opprimé d'Israël hors d'Egypte et de le conduire en Terre Promise. Pour que son peuple croie en son message et le suive, le serpent devient la preuve de la présence divine dans les mains de Moïse.
Moïse répondit, en disant : "Ils ne me croiront pas et ils n'écouteront pas ma voix; mais ils diront: Jéhovah ne t'est point apparu." Jéhovah lui dit: "Qu'y a-t-il dans ta main ?" Il répondit: " Un bâton." "Jette-le à terre," dit Jéhovah. Il le jeta à terre, et ce bâton devint un serpent, et Moïse s'enfuyait devant lui. Jéhovah dit à Moïse : "Etends, la main, et saisis-le par la queue, - et Moïse étendit la main et le saisit ; et le serpent redevint un bâton dans sa main, - afin qu'ils croient que Jéhovah, Dieu de leurs pères, t'est apparu, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob."
Rappellons aussi que, "Serpens Christus, proper sapientiam", est considéré par les Pères de l'Eglise comme le Serpent crucifié en rappel du serpent d'Airain élevé par Moïse sur l'Etendard pour la guérison des Hébreux mordus par les Brûlants.
En Orient, le Bouddha est assis sur le serpent Mucilaci. Mais est évoquée aussi l'insurrection de la Kundalini lovée au bas de la colonne vertébrale, les nâdis Shushumâ, Idâ et Pingâla de la tradition indienne étant à l'image du caducée.
Le lieu où est lovée la Kundalini endormie est appelé "Luz" dans la tradition hébraïque. La guérison véritable, c'est alors l'ouverture des chakras par l'insurrection du serpent qui s'élève jusqu'aux fontanelles.
Dans la Bible, le Serpent, est doué de parole et séduit la première femme, Ève, l'incitant à manger du Fruit défendu de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal, ce qui entraînera l'expulsion du jardin d'Eden, et vaudra au Serpent d'être maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, marcher sur le ventre (il n'était donc pas apode), et manger de la poussière tous les jours de sa vie. De plus, sa postérité et celle de la femme se livreront une guerre constante, on lui écrasera sur la tête, il leur blessera le talon (Gen. 3:14-15)
Le Nahash n'est pas nommé ni identifié à Satan dans le Livre de la Genèse, ni à une divinité comme dans les autres systèmes de croyance, quoiqu'il apparaisse comme le seul animal du Pentateuque à pouvoir parler. Il est souvent bisexué, toujours à l'origine de la création, symbole de la Nature androgyne ou bien attribut de la divinité représentant la Mère Universelle.
Le Dragon-Vouivre personnifie aussi les forces naturelles du chaos à maîtriser.
Représentant le temps, il devient l'Ouroboros qui, dévorant sa queue, nous invite à pénétrer dans les entrailles de notre chaos intérieur, ce qui explique pourquoi les traités d'alchimie lui font une si grande place. Objet de culte dans toute l'Afrique comme en Asie (où le culte du serpent-dieu a encore cours dans la jungle birmane), mais aussi dans les Abruzzes italiennes , le Serpent est souvent associé au combat entre la lumière et les ténèbres: Apollon tue le python de Delphes, Neith vomit le serpent Apophis, Quetzalcoatl est le Seigneur de l'aube...
Son culte a presque disparu en Europe occidentale du fait du christianisme qui a muré les anciennes cryptes, comblé les puits sacrés.
Sur toute la Terre et en tout temps, les dieux et les déesses, voire les Héros divinisés, prennent forme de serpent ou, à tout le moins, queue de serpent: Ua Zit sous la forme du cobra, Renenoutet, déesse des moissons, Isis Thermoutis ou encore Isis et Sarapis identifiés au serpent Agathodémon, en Egypte;
Nuilil "la Grand Mère Serpent des Cieux" et Nidaba, "la Dame-Serpent divine" chez les Sumériens; Echida, reine des Cythes; Zeus ou Jupiter-Amon, Cécrops à queue de serpent fondateur d'Athènes ou Erechtonios, son défenseur, Nommo, le Dieu d'Eau des Dogons, les Nâginis du Népal et de tout l'Orient, etc....
Le Dragon -Vouivre a également comme fonction d'être Gardien du Seuil, le seuil du passage de l'humain au divin. Il est, dans de nombreuses légendes , le gardien d'un trésor caché. Mais, derrière l'or matériel, se cache en vérité le Corps de Gloire comme le montrent tous les Alchimistes.
Ce Dragon est aussi Gardien de la Fontaine de Jouvence. Il possède l'Escarboucle, symbole du Troisième Œil, du don de Voyance. D'où les images données du Dragon à tête de Licorne et de la Licorne à queue de serpent. A ce Dragon-Vouivre étaient offerts des sacrifices, les prémices des récoltes , lorsque l'homme s'est sédentarisé, les plus beaux animaux, puis des vierges. Rappellons ce qu'est la véritable virginité dans la Tradition: Toutes les légendes où les Héros, les Chevaliers, les Saints maîtrisent le Dragon pour délivrer la Femme sont vues comme montrant l'Unité humaine éclatée. Triompher de l'épreuve permet le retour à l'unité de soi, le retour au Principe, par l'acquisition de la Noblesse véritable, celle du corps, du cœur et de l'esprit. Voilà pourquoi, le Héros épouse la fille du Roi!
Le Dragon-Vouivre est dévorant. L'homme, avalé puis recraché, à l'exemple de Jonas par la baleine, dans la Bible, est l'initié, qui, dans la caverne, la grotte, l'antre de la Vouivre, est mort à lui-même. L’ésotérisme chrétien expose à la vue de tous certaines sculptures, figurant sur les chapiteaux, les porches et les façades de nos églises romanes, qui représentent l'homme dévoré par le Dragon-Vouivre, c'est-à-dire par l'Energie, puis celles qui le montrent chevauchant la Bête. Equivalentes à ces dernières, sont celles où le saint, la sainte, a ses pieds sur le Dragon maîtrisé. Viennent ensuite les saints céphalophores, marchant au gré de la Vouivre en tenant leur tête coupée bien en main, au niveau du cœur.
Céphalophores Cathédrale d'Amiens
Un parallèle intéressant et révélateur avec la domestication de la Vache dans le Zen qui montre la concordance de deux traditions bien lointaines. Sur les porches de nombre d'églises romanes, au-dessus des hommes dévorés par le diable ou le Léviathan à droite, et ceux emportés à gauche par les anges, c'est-à-dire dévorés par leurs vertus, par la Licorne, se trouve le Christ en Gloire, dans sa mandorle. Le Christianisme révèle ainsi, comme tant d'autres traditions, au-delà de la voie du salut, celle de la Libération. Cependant, une discrimination est faite entre le dragon à tuer, l'Hydre représentant l'ego inférieur, et le Dragon représentant l'Energie vitale qui, lui, est à maîtriser, à l'exemple de Saint Michel qui le maintient de sa lance à sa juste place.
La Légende de sainte Maxence
Sainte Maxence fait partie des saints céphalophores. C'est-à-dire de ces saints qui à l'instar de Saint Denis, Saint Just ou Saint Fuscien portèrent leur tête dans leurs mains, après leur mort. Il existe même une "voie de céphalophores" entre Paris et Amiens.
Maxence était la fille de Malconus, roi des Scots. Convertie à la foi par Saint Patrice, apôtre d’Irlande, elle se voua à la religion quoiqu’elle eut été promise à un prince barbare et païen nommé Avicin. Maxence, s’enfuit du palais paternel avec Barbentius, son serviteur et Rosebia, sa servante. La princesse arriva jusqu’à l’Oise.
On prétend qu’au lieu de traverser le pont, ou peut-être parce-que ce passage lui fut refusé, elle jeta dans la rivière trois grosses pierres au moyen desquelles elle parvint sur l’autre rive. La légende ajoute que l’on n’a jamais pu retirer ces pierres et qu’elles y seraient encore. Cependant, Avicin arriva sur les bords de l’Oise. Il essaya d’abord de vaincre par des prières la résolution de la jeune vierge et de séduire ses serviteurs avec de l’argent. Ayant échoué, son affection se changea en fureur et saisissant la princesse par les cheveux, il lui trancha la tête, puis tua Barbentius et Rosebia.
La légende ajoute que « le corps de la vierge se leva de terre et prenant sa tête entre ses mains, la transporta du lieu de son martyre au lieu de sa sépulture où quelques temps après on édifia une chapelle ». Aujourd’hui disparue pour le passage de la route nationale, cette chapelle fut visitée par Charlemagne.
Notons également que les reliques de Sainte Maxence, aurait été cachées dans un souterrain pendant la Révolution, et n'ont pu être retrouvées par la suite. La légende raconte également qu'on essaya de transporter les corps de Barbentius et Rosebia (déjà "ensépulturés") en l'église de Sainte Maxence, mais un épais brouillard se leva et épouvanta le monde. Des lampes et flambeaux seraient apparus la nuit, sur leur tombe.
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