dimanche 4 avril 2010

Connais toi toi même

Un homme dit, Parles-nous de la Connaissance de soi.
Il répondit :
Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits.
Mais vos oreilles se languissent d'entendre la voix de la connaissance en vos coeurs.
Vous voudriez savoir avec des mots ce que vous avez toujours su en pensée.
Vous voudriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.
Et il est bon qu'il en soit ainsi.
La source secrète de votre âme doit jaillir et couler en chuchotant vers la mer,
Et le trésor de vos abysses infinis se révéler à vos yeux.
Mais qu'il n'y ait point de balance pour peser votre trésor inconnu,
Et ne sondez pas les profondeurs de votre connaissance avec tige ou jauge,
Car le soi est une mer sans limites ni mesures.
Ne dites pas: "J'ai trouvé la vérité", mais plutôt: "J'ai trouvé une vérité".
Ne dites pas: "J'ai trouvé le chemin de l'âme". Dites plutôt: "J'ai rencontre l'âme marchant sur mon chemin".
Car l'âme marche sur tous les chemins.
L'âme ne marche pas sur une ligne de crête, pas plus qu'elle ne croit tel un roseau.
L'âme se déploie, comme un lotus aux pétales innombrables.

Khalil Gibran (Le Prophète)
On en parle beaucoup depuis Socrate:
"Connais toi toi même et tu connaitras l'Univers et les Dieux"
était la devise inscrite au fronton du Temple de Delphes

La recherche de la connaissance de soi a une condition : le sentiment de notre être. Descartes, dans son Discours sur la méthode, prouve que l'affirmation " Je pense, donc je suis " (c'est à dire le cogito, " premier principe " de la philosophie cartésienne) est " si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques ne sont pas capables de l'ébranler. " En effet, il est possible de douter de tout, même de l'existence effective de notre corps et du monde autour de nous, sauf de l'existence de notre pensée, de notre je. A partir du moment où nous nous rendons compte de l'irréfutabilité de l'existence de notre pensée indépendante, nous prenons conscience de notre " je. " Il nous est permis alors d'entamer la recherche de notre "moi", c'est à dire de la nature de notre propre identité.
Certains philosophes imaginent que nous avons à tout moment " la conscience intime de notre moi " , que nous avons un sentiment invincible de la connaissance de nous-mêmes que nous ne mettons que rarement en doute. Cependant, avoir un sentiment immédiat de notre être, ce n'est pas avoir une connaissance pleine et entière de soi. Il arrive que nous nous surprenions nous-mêmes, ou que nous passions par de graves crises de remise en question. Notre comportement, notre façon de penser varient suivant nos expériences. La connaissance de soi implique une recherche, et cette recherche doit disposer de moyens adaptés à son but.
Nous sommes a priori les mieux placés pour nous connaître ; par l'introspection, nous pouvons accéder à une certaine connaissance de nos sentiments, de nos qualités et de nos défauts, de nos motivations et de nos convictions. Mais accède-t-on à un niveau particulier de la réalité mentale par l'introspection, ou cette méthode tend-elle a susciter l'objet même auquel elle prétend accéder? Le paradoxe de l'introspection est que le sujet se confond avec l'acte de s'observer lui-même. De même l'introspection est normalisée par le langage. Il n'en reste pas moins que l'idée de "savoir " ce qu'on est soi-même soulève des difficultés de principe : en quel sens emploie-t-on " savoir ", s'il s'agit d'intériorité ?
Ceci étant, Je est le mieux placé pour parler de moi, même si cette place est parfois inconfortable ! Tous les moyens semblent bons pour se connaître, c'est à dire choisir sa vie. La marche vers la connaissance de soi est donc, au fond, une marche vers la liberté, une démarche philosophique.

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