vendredi 15 janvier 2010

La Musique qui nous parle......

Musique et poésie se conjuguent souvent, en tout cas lorsque l’interprète est l’auteur des paroles…..si l’on connaît le contexte, nous aurons une lecture orientée.
Pour Barbara, par exemple, qui apprend le 21 décembre 1959, la mort de son père à Nantes, nous associons ce deuil à la chanson qu’elle terminera quelques heures avant son passage au théâtre des Capucines le 5 novembre 1963 et qui sera une de ses plus belles chansons.
De même, elle dit s’être rendue le 4 juillet 1964, sans enthousiasme en Allemagne, en réponse à l’invitation de Hans-Gunther Klein, directeur du Junges Theater de la ville universitaire de Göttingen. Mais l’accueil qu’elle reçoit est si chaleureux, qu’elle prolonge son séjour d’une semaine. Le dernier soir, elle offre la chanson Göttingen qu’elle a écrite d’un trait dans les jardins du théâtre.
Dans ses mémoires, qui paraissent en 1998, Barbara révèle la part douloureuse de son enfance en révélant l’inceste de son père sur l’enfant qu’elle avait été, sans que le mot ne soit écrit, ce qui donne un autre éclairage à certaines de ses chansons, plus particulièrement « Au cœur de la nuit, Nantes ou l’Aigle Noir. »
Et Pourtant…. Je vous propose une lecture libre de l’Aigle Noir en ignorant le contexte :
L’aigle a dans toutes les civilisations, une symbolique importante. Ce bel oiseau nous fait voyager des rives du Nil à Napoléon, en passant par l'antiquité romaine et les civilisations précolombiennes. «L'aigle noir» pourrait être le condor, oiseau rapace au plumage noir frangé de blanc et dont l'envergure atteint 3 mètres.
Le condor des Andes est une composante importante du rituel Quetchua .Certaines communautés sont persuadées que son sang est une véritable source de jouvence. N’oublions pas non plus l’Aigle de Jean....
D'autres prétendent qu'apercevoir un condor est un bon ou on mauvais présage. Actuellement encore, de nombreuses cérémonies sont centrées sur la capture de cet oiseau, exprimant ainsi les attitudes indiennes et espagnoles envers les croyances traditionnelles. Citons la fête du Condor-Rachi, et la recherche de la divinité inca Apu Condor dans les villages de Cotabambas.
Barbara se souvient des récits mythologiques qui bercèrent sans doute son enfance. Adulte, elle rêve encore mais ses rêves sont fondés sur une meilleure connaissance des croyances incas.
La troisième strophe décrit très précisément le Dieu Condor, porteur de pierres précieuses (le rubis solaire) et couronné d’Or.
En cinquième strophe, le dieu inca procure le soleil et la pluie nécessaires à la vie de l’Homme.
Barbara nous emmène dans son rêve, avec des expressions merveilleuses (crever le ciel, tomber du ciel, cueillir des étoiles, allumer le soleil, ouvrir des yeux couleur rubis) Le choix des mots est exceptionnel : ainsi l’aigle tournoie dans un bruissement des ailes déployées : Silence, grâce, élégance, force, mystère et majesté ! Evasion et liberté sont les thèmes associés à ce roi (Dieu) du ciel, dont le vol silencieux inquiète et fascine à la fois…..

L’Aigle Noir

Un beau jour,
ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.

Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer.
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel,
L'oiseau vint se poser.

Il avait les yeux couleur rubis
Et des plumes couleur de la nuit.
À son front, brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné
Portait un diamant bleu.

De son bec, il a touché ma joue.
Dans ma main, il a glissé son cou.
C'est alors que je l'ai reconnu :
Surgissant du passé,
Il m'était revenu.

"Dis l'oiseau, O dis, emmène-moi.
Retournons au pays d'autrefois,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant
Des étoiles, des étoiles.

Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie
Et faire des merveilles."

L'aigle noir, dans un bruissement d'ailes
Prit son vol pour regagner le ciel.
Quatre plumes, couleur de la nuit,
Une larme, ou peut-être un rubis.
J'avais froid, il ne me restait rien.
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin.

Un beau jour, ou était-ce une nuit,
Près d'un lac je m'étais endormie.
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part
Surgit un aigle noir.


Pour écouter Barbara, cliquez ci dessous:
http://www.deezer.com/en/music/barbara/voyageuse-103197?song=916112#music/barbara/voyageuse-103197

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