Le Labyrinthe Végétal
L’antique symbole du labyrinthe est sorti des églises au XVIe siècle pour s’installer aux jardins. Tout comme le théâtre, dans la variante du drame liturgique, le labyrinthe de déambulation à l’échelle 1/1 avait sa place dans la cathédrale, comme à Chartres, à Reims, ou à Saint-Quentin, où il était appelé la Lieue ou le Chemin de Jérusalem , il en est sorti en devenant une œuvre autonome qui ne s’intégrait plus dans la liturgie ou dans un autre rite parallèle (rattaché, par exemple, au pèlerinage). Il était sur le point de se transformer en endroit propice au jeu de galanterie ou d’énigmes, réservant des surprises, comme les musiciens cachés au cœur du labyrinthe de Chantilly, vers 1760.
Les premiers labyrinthes construits à l’aide de haies ou d’arbustes à l’époque de la Renaissance rappellent certainement la mode architecturale et paysagiste italianisante importée en France dans la cour de Catherine de Médicis, et on peut encore les retrouver, par exemple, à Chenonceau. Ils préfigurent ainsi le jardin au tracé géométrique à la française et deviennent en peu de temps des objets familiers dans toute l’Europe, tels les labyrinthes anglais, hedge mazes, de Hampton Court, construit en 1690. Cependant, les dédales végétaux sont probablement beaucoup plus anciens. Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, parle de bosquets de cyprès taillés dans un but ornemental, mais sans décrire précisément la disposition d’un labyrinthe. Aussi, une légende voulait que le roi Henri II eût enfermé sa maîtresse Rosemonde dans les méandres d’une maze à Woodstock ; la popularité de cette histoire tend à prouver que la structure du labyrinthe à ciel ouvert était déjà connue et utilisée au cours du Moyen Âge.
Leur forme a évolué au cours des siècles : à l’origine les bosquets étaient taillés au niveau des genoux de ceux qui s’y aventuraient. Ainsi, les multiples embranchements offraient au visiteur la diversité des chemins, le plaisir de trouver lui-même le chemin plus que celui de l’égarement, car il était possible d’embrasser du regard l’ensemble du paysage et de trouver une façon d’en sortir. L’ancienne image de la complexité du monde, de la quête spirituelle y apparaissait domestiquée et réduite à un moyen d’agrément, à un jeu courtois. C’est justement cet aspect ludique qui va se perdre, au fur et à mesure que la hauteur des haies progresse, au profit d’une image inquiétante du labyrinthe, devenu lieu d’angoisse et d’enfermement avec la mode de l’architecture et du roman gothiques à la fin du XVIIIe siècle.
Le labyrinthe végétal est désormais plus proche de la forêt et de ses dangers, lieu par excellence des péripéties dans le roman médiéval, que du dessin de l’architecte, mais on pourrait dire également que les deux traditions se superposent. Cette dimension apparaît assez fréquemment dans le cinéma contemporain, et on peut citer le jardin-labyrinthe de Shining, dans une construction très élaborée ou le motif du labyrinthe se répète partout dans les éléments du décor, de la maquette au dessin sur le sol, de l’intérieur à l’extérieur de l’hôtel, profondément imbriqué dans la trame.
Les villes labyrinthesL’antique symbole du labyrinthe est sorti des églises au XVIe siècle pour s’installer aux jardins. Tout comme le théâtre, dans la variante du drame liturgique, le labyrinthe de déambulation à l’échelle 1/1 avait sa place dans la cathédrale, comme à Chartres, à Reims, ou à Saint-Quentin, où il était appelé la Lieue ou le Chemin de Jérusalem , il en est sorti en devenant une œuvre autonome qui ne s’intégrait plus dans la liturgie ou dans un autre rite parallèle (rattaché, par exemple, au pèlerinage). Il était sur le point de se transformer en endroit propice au jeu de galanterie ou d’énigmes, réservant des surprises, comme les musiciens cachés au cœur du labyrinthe de Chantilly, vers 1760.
Les premiers labyrinthes construits à l’aide de haies ou d’arbustes à l’époque de la Renaissance rappellent certainement la mode architecturale et paysagiste italianisante importée en France dans la cour de Catherine de Médicis, et on peut encore les retrouver, par exemple, à Chenonceau. Ils préfigurent ainsi le jardin au tracé géométrique à la française et deviennent en peu de temps des objets familiers dans toute l’Europe, tels les labyrinthes anglais, hedge mazes, de Hampton Court, construit en 1690. Cependant, les dédales végétaux sont probablement beaucoup plus anciens. Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, parle de bosquets de cyprès taillés dans un but ornemental, mais sans décrire précisément la disposition d’un labyrinthe. Aussi, une légende voulait que le roi Henri II eût enfermé sa maîtresse Rosemonde dans les méandres d’une maze à Woodstock ; la popularité de cette histoire tend à prouver que la structure du labyrinthe à ciel ouvert était déjà connue et utilisée au cours du Moyen Âge.
Leur forme a évolué au cours des siècles : à l’origine les bosquets étaient taillés au niveau des genoux de ceux qui s’y aventuraient. Ainsi, les multiples embranchements offraient au visiteur la diversité des chemins, le plaisir de trouver lui-même le chemin plus que celui de l’égarement, car il était possible d’embrasser du regard l’ensemble du paysage et de trouver une façon d’en sortir. L’ancienne image de la complexité du monde, de la quête spirituelle y apparaissait domestiquée et réduite à un moyen d’agrément, à un jeu courtois. C’est justement cet aspect ludique qui va se perdre, au fur et à mesure que la hauteur des haies progresse, au profit d’une image inquiétante du labyrinthe, devenu lieu d’angoisse et d’enfermement avec la mode de l’architecture et du roman gothiques à la fin du XVIIIe siècle.
Le labyrinthe végétal est désormais plus proche de la forêt et de ses dangers, lieu par excellence des péripéties dans le roman médiéval, que du dessin de l’architecte, mais on pourrait dire également que les deux traditions se superposent. Cette dimension apparaît assez fréquemment dans le cinéma contemporain, et on peut citer le jardin-labyrinthe de Shining, dans une construction très élaborée ou le motif du labyrinthe se répète partout dans les éléments du décor, de la maquette au dessin sur le sol, de l’intérieur à l’extérieur de l’hôtel, profondément imbriqué dans la trame.
Différentes villes ressemblent à des labyrinthes de part leur construction.
Selon un manuscrit hébraïque datant du XVe siècle, la ville de Jéricho serait formée de sept cercles concentriques (symbolisant les sept murailles de la ville) et créerait un labyrinthe. Ou encore Jérusalem associée au mythe du labyrinthe : ville sainte, elle est le centre de l’enseignement du Christ et l’aboutissement du pèlerinage en Terre Sainte. Elle représente aussi la cité parfaite où l’on accédait à la rédemption de l’âme.
De même, le site Stonehenge serait, selon l’écrivain Jorge Luis Borges, un labyrinthe avec plusieurs sorties.
Citons aussi, l’Île de Malekula (nord-est de la Nouvelle-Calédonie), qui possède de nombreux labyrinthes. Le centre de ces derniers, utilisés dans des rites sacrés, symbolise le passage entre le monde des vivants et des morts. Mais aussi Londres, où un labyrinthe de carreaux de céramique sur le mur d’une station de métro à Londres, Warren Street. Warren est le nom des terriers de lapins et de leurs dédales de galeries. Aux heures de pointe, les voyageurs ont deux minutes d’attente en moyenne entre chaque train. L’auteur du dédale a estimé qu’il fallait environ trois minutes pour le résoudre. N’oublions pas Tokyo, ville labyrinthe par excellence. Les croisements et les rues n’ont ni noms, ni signalisation. La ville juxtapose une suite de quartiers, d’escaliers, d’autoroutes empilés.
Vue aérienne de Tokyo
New York aussi possèderait (paradoxalement) cette complexité selon Paul Auster pour qui sa ville natale serait une ville labyrinthe. Dans son œuvre La cité de verre, les personnages se perdent dans les cheminements des avenues, n’étant nommées que par des numéros.
Si le labyrinthe date des minoens, ce qu'était le labyrinthe est perdu. les achéoloues à la recherche effectivement de traces ont considéré que le palais de Knossos recelait en son sein le labyrinthe. sans doute les axes de processions comme décrit plus haut peuvent être le fameux labyrinthes.
RépondreSupprimerUne autre hypothèse est le royaume des morts de ces même minoens. Les hypogées étaient dans des canyons creusés par les rivières dans les plateaux crayeux. Il était très difficile de les atteindre et même au 21 ème siècle atteindre ces zones restent complexes.